Elle occupe aujourd'hui aussi un cabinet à elle seule. Un cabinet avec une vitrine, un cabinet ouvert sur la ville et sur la vie. Et que fait-elle ?
Elle écoute et elle masse. Elle voyage, immobile et mobile jusqu'à l’extrémité des doigts.
Elle écoute comme peu de personnes écoutent.
Elle écoute en conscience profonde.
Les âmes... c'est quoi, ou j'y crois pas, me direz vous. Moi je vous dirai : c'est la vie en train de se déployer, visible ou invisible. Les âmes c'est le battement d'aile qui met en mouvement, le battement d'aile de la vie.
Elle touche et elle écoute. Elle masse et elle écoute pourvu que ses patients, doit-on dire patients, lui ouvre la porte de leur vigilance et de leur attention. Alors, en invitée elle s'avance, guidée. Elle n'explore pas seule.
On pourrait dire qu'elle passe la porte du passé, non, pas du passé. Elle passe la porte d’expériences anciennes ou à venir. Elle voit et elle entend, elle chante ou elle parle avec les âmes.
Avec les âmes, oui, avec les âmes, avec cette vie invisible à nos yeux et qui nous traverse, toujours, encore et encore.
Elle écoute surtout les âmes des bébés, ou des bébés en devenir, lorsqu’ils sont prêts à s'installer dans le ventre d'une maman prochaine ou dans une famille à venir. Les femmes sont importantes dit-elle, mais les hommes tout autant.
Les femmes sont censées savoir sur la grossesse et sur la naissance. Les hommes ont tout à apprendre et ne pas savoir peut être aussi un cadeau.
Elle écoute donc, au-delà, en-deçà. Elle écoute dans l'au-delà de notre ordinaire, mais elle touche à chacun des corps qu'elle peut rencontrer, elle masse, les pères et les mères et leurs enfants, leur bébé surtout. Et chacun lui parle, avec des mots, ou sans les mots. Elle se montre clairvoyante, clairenentendante, clairesentante, bon, elle entend et voit avec des sens qui vont plus loin, plus en arrière, plus en avant. Elle voit et elle entend là où le temps s'efface, là où le temps n'est pas encore tout à fait construit.
Une âme qui frappe à la porte du monde peut s'adresser à elle, tout comme une autre qui est partie de la toute petite surface du miroir du monde que nous occupons.
Nous vivons à la surface du monde, juste en surface. Il est d'autres lieux possibles, d'autres profondeurs, largeurs et longueurs. L'électricité était là bien avant que nous croyons l'inventer. On en a d'ailleurs fait une fée. Et les ondes radios ont largement précédées Monsieur Marconi avant qu'elles ne lui passent par les oreilles.
Elle dit : Chaque être, chaque chose, tout est vibration.
Il est important, elle le souligne, si possible, de se trouver dans le même niveau d'attention, d'amour, d'ondulation, d’énergie. Alors les échanges passent mieux. Vous savez un peu comme à la radio quand l'accord se fait.
Elles écoute ce qui se vit avant le corps, et pendant le corps - là c'est les mots et les massages - et après le corps, après la mort, ce qu'on appelle ici la mort du corps. Avant et après c'est par télépathie.
Vous souriez, ce narrateur est un peu barré, elle l'est peut-être aussi. Ils se construisent des histoires. Soit dit en passant, écrit le narrateur, nous ne cessons jamais de nous construire des histoires et nous passons notre vie à nous les raconter. Avant, après, espoir et nostalgie.
Bon, elle, elle écoute et elle entend l'enfant, surtout les bébés qui viennent à elle dès avant leur conception, c'est plutôt rare, ou lorsqu'ils sont là, dans le ventre de leur mère, dans la compagnie de leur père.
Elle entend les peurs, elle entend les rêves, elle entend aussi les secrets. De ceux qui font saute-moutons avec les générations. Les secrets qui sont parfois les clefs de voûte des constructions familiales. Et à force d’écouter avec ceux qui sont là, visibles ou moins visibles, elle tisse des liens avec ces âmes de compagnie. Elles sont présentes, comme le grand-père de Diego, tout à fait défunt et tout à fait vivant qui participe pendant trois jours à ses consultations. Elle entend cette petite fille au bord du bord de sa peur de naître ou cette maman qui n'en peut plus de ses craintes d'être massacrée dans un nouveau génocide. Elle est souvent là lorsqu'il est nécessaire de passer, de dépasser, de franchir une étape, une porte, une émotion.
Elle écoute et leur parle. Je crois qu'elle tente de les rassurer, de leur faire de la place, qu'ils trouvent une place, qu'ils trouvent leur place, dans le bien être d'un massage, d'une marche parmi les arbres, dans un chant, dans un décor de fleur. Elle leur propose des habits nouveaux, y compris sous forme de nourriture. Elle cherche avec eux, car tous ont à traverser, et vous et moi aussi, ce passage étroit de la naissance et de la mort.
Elle accompagne les passages.
C'est une femme de l'entre-deux, ou plutôt elle danse avec ses patients, ses accompagné(e)s, ses vivants, dans un espace qui n'est ni de l'un ni de l'autre. Elle participe à cet espace qui n'est ni de l'un ni de l'autre et que nous ornementons parfois, de chants, de tableaux, de bonnes recettes. Elle invite à entrer dans le courant. Vous savez, il y a la rivière, en apparence immobile, et, plus forte qu'elle, moins visible, le courant qui l'anime. Elle invite à entrer dans le courant. Elle est un peu artiste, enfin c'est aussi ce qu'on pourrait écrire des artistes.
Parfois la fatigue peut la saisir.
Il y a tellement de monde, tellement à écouter et à écouter. Tous ceux qui viennent frapper à ses mots, à son attention, à son chant, à sa télépathie et qui créent une apparence de désordre. C'est le
Alors elle se demande comment mieux entendre.
Alors elle écrit,
elle partage, elle cherche des âmes sœurs, des confrères, des consœurs pour que cela se partage, cela s’écrive, se chante ou se conte. Il y a tant à partager de ces âmes qui se cherchent au bord d'un malentendu, d'une peur, d'un enchantement, d'une conciliation, d'une réconciliation ou d'une consolation.
Souvent chacun vient au monde chargé d’histoires anciennes,
de talents ou de secrets anciens qui nourrissent le doute, la peur ou le désir. Il est nécessaire de rassurer, parfois même de nettoyer ces accumulations, ces nœuds et ces carrefours. Cela prend du temps, cela demande un peu de mise en ordre, pour mieux écouter ensuite.
Il n'y a pas de commencement et il n'y a pas de fin. Il n'y a que des passages, que des passants, que des passanges.
Une grande attention, des mains, du cœur au corps et aux mots est nécessaire pour entendre les vibrations du silence et leur permettre de monter en accord et en harmonie.
Oui, une grande attention, nourrie de contemplation, nourrie de lenteur.
Elle doit alors ralentir son pas pour prêter une oreille encore plus fluide, encore plus souple, l’oreille du cœur qui efface le temps et donne aux âmes plus d'espace pour dire ce qu'elles ont à nous dire et à se dire. Nous venons de là, nous y sommes, nous y allons. Nous ne sommes les fruits que d'un éternel présent, d'un éternel cadeau.
Écoutez là, écoutez la pour qu'elle puisse vous écouter et laisser vous masser par la vie.
Ph.T
N’hésitez pas à prendre contact
En Isère près de grenoble, à Crolles 38920
A Castres 81100
A Vabres 81260
Au 06 71 85 59 70.
*Chez vous