La naissance s’inscrit comme le parcours d’une évolution de conscience qui va chambouler tous les repères physiologiques, émotionnelles, spirituels et sociaux.
Nombre d’enseigne pointe le doigt sur la grossesse et l’accouchement en particulier : la montagne à gravir de toute évidence est loin d’être des vacances, l’après naissance semble pour autant tout aussi périlleuse et moins accompagnée.
Elle permet et oblige le couple à mettre en œuvre tous les changements réalisés et à venir, autour de ce nouveau petit être.
Positionnement social et intégration au groupe.
L’enfant est là ! La famille le place dans sa fratrie s’il n’est pas le premier puis au sein de sa famille élargie (grand et arrière grand parents, oncles, tantes et cousins.). Son lieu de vie et sa terre (région familiale) vont lui être nommées, il fera partie d’un terroir. Son arrivée, sa naissance va changer le positionnement et l’espace de chacun des membres de son entourage.
Chacun va s’organiser pour prendre sa venue en considération et déplacer ses repères. Pour la famille élargie le temps soutien cette transformation, mais pour les parents les changements sont immédiat et souvent de chaque instant. Leur espace-temps va considérablement se réduire de manière exponentielle.
Le bébé tant attendu prend désormais toute sa place, une autre place. Il bouge, il pleurs, il a des besoins vitaux le jour et la nuit.
Le moment idyllique de la rencontre est passé, pourtant l’accouchement est toujours présent. Dans toute culture ce temps primordiale de repositionnement et d’adaptation est reconnu dans une « parenthèse » de 90 jours pour la plupart et de 40 jours à peine dans notre société.
A quoi correspond ce temps dont on parle peu ?
Pour la maman la réjouissance et l’aboutissement de la naissance peut faire place au débordement. Aujourd’hui bien souvent les femmes sont seules à devoir faire face à cette nouvelle réalité, les familles sont loin ou séparées. Encore fatigué de l’épreuve de donner la vie elle a la responsabilité de la conserver et l’entretenir. Rien n’est formulé tout semble évident et naturelle, l’ocytocine aidant, l’accumulation de fatigue commence à poindre.
Physiologiquement
Le corps maternel s’est transformé afin d’être capable de porter, nourrir, oxygéner un organisme en croissance. Toutes les fonctions corporelles (circulation sanguine, respiration, fonctionnement digestif et métabolique, son équilibre…) ceux sont adaptés.
Le temps de la grossesse ne s’arrête pas à l’accouchement, il progresse vers un nouvel équilibre. Facilité si l’on peut dire par l’allaitement et le rôle de la prolactine, l’hormone du sommeil profond, va aider l’organisme à sa régénération cellulaire.
Ce corps qui a tant donné continue ses efforts en nourrissant et prenant soin d’un être humain, un marathon physiologique que l’on nomme « congé de maternité ».
Nouvelle verticalité
Sa progression ne s’arrête pas là puisque dans ce même espace-temps il recherche un nouvel équilibre physiologique et une nouvelle verticalité.
Le poids du bébé n’étant plus à être supporté par le corps il peut de nouveau se redresser. Comme la nature est bien faite l’ensemble du corps s’ouvre à nouveau au monde, le regard monte, s’élève pour se tourner vers l’extérieur.
Le champ de vision s’élargit cela tombe bien puisque désormais « le danger » peut venir de l’extérieur.
L’enfant lui aussi se concentre désormais sur l’extérieur, l’apprentissage des odeurs, des sons, la lumière, le toucher, la relation participe à son ouverture au monde.
Le temps de la réorganisation
Dans notre culture « décalé » il est fait mention par des messages quotidiens d’un retour au standard de séduction. A peine sortie de son lit maman devrais être belle et svelte ! de quoi se haïr et ne plus s’aimer pour une année entière au moins. Osons mettre de côté ces regards et injonctions intempestives pour rester tout près de soi dans la douceur dont nous avons tous besoin dans les périodes de réorganisation sur tous les plans de notre personne et de ce qui l’entoure. Les efforts à fournir sont encore nombreux, ils touchent le positionnement émotionnel, relationnel et sociale. L’identité au sein du couple et les réajustements qu’elle implique.
Plusieurs mamans que j’ai accompagnées durant cette période (six mois après leur accouchement) deviennent tranchantes difficiles dans leurs mots et parlent en termes de reproches de leur bébé :
- c’est à cause de toi si aujourd’hui je n’ai plus de temps pour moi - car elles n’ont pu imaginer, prévoir cette après naissance.
Accompagnement
Cet espace pour tout dire leur est consacré et le travail d’écoute corporel leur permet de prendre soin d’elles dans la sensation, pour mieux se comprendre et accepter ce qu’elles vivent. Elles se vivent au service, leur espace personnel n’existe plus, elles ne savent plus comment se rejoindre, comment faire face, elle se sentent submergés, leur enfant étant le point de mire.
S’organiser dans la douceur.
La maison n’est pas impeccable et les tâches quotidiennes s’accumulent. Il est temps de lâcher prise pour réorganiser son temps et ses besoins.
Quels sont les essentiels ?
Oser choisir autrement : prendre soin de soi c’est aussi s’autoriser à prendre du recul et du temps que nous ne pensons pas avoir pour pouvoir décoller son nez de l’objectif.
Votre enfant peut sortir coller tout contre vous, il est bon d’oublier la jolie énorme poussette in dépliable qui prend une place énorme et m’empêche de prendre l’air et me ressourcer tout simplement.
Respirer
Retrouver la nature, observer les formes des arbres non rectilignes, écouter les sons, sentir les odeurs végétales rapproche de notre véritable nature. Elle nous montre que la perfection est d’être ce que l’on est simplement. Comme elle, nous sommes sans cesse en transformation.
Oublier la ville qui nous renvoi des injonctions de perfection et de manque.
La nature apaise et permet de souffler (dans les deux sens du terme, respirer, se concentre sur la marche, sentir son corps dans l’effort ce qui permet de quitter le mental et les « il faut que » prendre plaisir, de se re- con-naître (être de nouveau avec soi-même)).
Votre bébé
Bébé va sentir cette métamorphose, ce bien être qui vous empli à chaque sortie, il va se nourrir comme vous de cette paix et pourra à son tour prendre le recul suffisant de ce qu’il vient de traverser et traverse encore. Un simple petit sac avec change et couverture vont transformer votre écoute et votre vie. Redevenir disponible aux sensations et à votre rythme intérieur est primordiale en phase de changement. Pour lui aussi tant de choses sont à intégrer en un espace-temps supersonique… l’évolution de tous ses sens, les intégrer, son incapacité à pouvoir se dire avec des mots, son corps peu habile, devoir manger et retenir la nourriture, dormir sont des notions toutes nouvelles pour lui. Pourtant il est là et fais confiance car il n’a pas d’autres choix que de vous aimer. Sortir :
Ouvrir ses sens à cette nouvelle réalité permet de se sentir apte, capable de reconnaître l’ensemble des épreuves que l’on vient de traverser et encore à parcourir. La rigueur est de s’obliger à redéfinir vos essentiels. Sortir et marcher apaise, redonne confiance, permet de quitter le mental pour oser sortir et aller découvrir des lieux en dehors des sentiers battus. Pas besoin de faire des kilomètres, sortir simplement de la ville ou du village pour se retrouver avec soi-même,
votre enfant vous suivra sur ce chemin car comme vous il en a besoin. Vous allez ensemble digérer les étapes parcourues, imaginer, rêver et sentir ce qui est bon aujourd’hui pour vous, rien n’est plus important pour votre équilibre et celui de votre bébé.
L’épreuve de l’après naissance dure 6 mois, il est possible de s’installer dans un mouvement en soi qui permet de se laisser modeler dans le changement.
La douceur, l’amour fait éclore les plus jolies couleurs qu’apporte le cocon de la naissance.
Bon retour à soi.